Depuis plusieurs années visiter le triangle d’or entre fevrier et début mai est devenu impossible. La raison ? un air irrespirable ! origine? lap ratique de l’écobuage ou la culture sur brulis. Les agriculteurs locaux la considèrent mieux adaptée à leur culture sur pente ou champs de canne à sucre et bambou. Peut-être simplement solution de facilité. Conséquence, le tourisme fuit le nord du pays.
La culture sur brulis, une pratique traditionnelle
Dans les régions montagneuses d’Asie du Sud-Est, nombre de paysans ont depuis des décennies pris cette option. En effet, cela leur permet de défricher et de fertiliser des terres grâce aux cendres produites. La chose est vraiment pratique puisqu’elle permet également de dégager une surface suffisante là où le labour est impossible. Au Myanmar par exemple, l’écobuage ou le taunggya est pratiqué par plus de 2 millions d’agriculteurs. Dans une proportion plus réduite, on utilise la culture sur brûlis également en Thaïlande et au Laos. Malheureusement les masses de fumées suivent le mékong et convergent vers le triangle d’or, descendent sur toute la région nord de Thailande.
Une pratique avec des lourdes conséquences
Cette technique semble certes efficace au premier abord, mais elle est désastreuse à long terme. En premier lieu, elle participe à une accélération de la déforestation et notamment de la disparition des forêts primaires. Elle se systématise aux cultures de canne à sucre et bambou. Autre point négatif, l’érosion des sols. Avec le lessivage de la mousson, le sol, au bout de 3 ans, est appauvri. Du coup, le peu de terre fertile est souvent ravinée. Résultat, un sol pauvre, instable, pouvant causer des glissements de terrain…
A cela s’ajoute un autre effet tout aussi pervers : la pollution atmosphérique. Cette technique libère des quantités astronomiques de CO2. Ainsi du côté de Tak en Thaïlande ou à Hpa-an, au Myanmar pendant la saison sèche, il est fréquent que l’écobuage transforme l’atmosphère en un brouillard dense et âpre. D’où les conséquences sanitaires désastreuses: problèmes cardio-respiratoires , occulaires et autres conduisant une part de la population à quitter la région pendant 2 mois.
Un débat multiple et complexe
Les zones concernées par l’écobuage sont immenses. En effet, cela se pratique du Myanmar au Nord-Ouest et au Nord-Est de la Thaïlande et au Laos,
Évidemment cette pratique de l’écobuage fait débat, il y a ceux qui sont pour une interdiction totale et ceux qui sont pour une pratique raisonnée. Mais à vrai dire, si la controverse peut être riche, il n’en demeure pas moins qu’il y a urgence. En effet, les grandes régions qui poursuivent cette tradition sont maintenant des zones où le nombre de problèmes respiratoires ne cessent d’augmenter. L’impact sanitaire est là.
A cela s’ajoute également que l’écobuage cache aussi des trafics sur le bois précieux, qui est un marché hautement rentable. Les conséquences sur la faune et la flore sont aussi préoccupantes.
Vers la fin de cette culture ?
Certains gouvernements commencent à se mobiliser en encourageant le retour à l’agriculture en terrasses. Si la reconversion est au premier abord séduisante, il faut savoir que ce genre de culture demande un investissement beaucoup plus important et un entretien régulier. Remettre en question la culture sur brûlis, au moment où l’on commence à prendre conscience de l’effet de serre, est donc chose peu évidente et où les actions sont somme toutes réduites.https://lepetitjournal.com/bangkok/sante/sante-les-droits-de-lhomme-au-prix-de-lasphyxie-du-nord-de-la-thailande-150830
Demeure toujours l’action citoyenne, celle de l’achat responsable. On peut toujours refuser par exemple, du bois précieux ou du bois dont l’origine n’est pas certifiée.
Impact touristique
Depuis plusieurs années , de fevrier à avril, Chiang mai a le triste leadership d’être la ville la plus polluée du monde ! plus de 35000 hospitalisations : troubles respiratoires , occulaires, cutanés, détresses cardiaques dus à l’excès de CO2 dans l’air . Des journées entières , la province, mais aussi celle de lampang plongée dans le brouillard. Une visibilité à moins de 3 mètres. Obligation de garder les lampes allumées à l’intérieur. Or c’est la saison touristique la plus demandée.https://www.lemonde.fr/international/article/2019/03/20/le-nord-de-la-thailande-noye-sous-des-nuages-de-pollution_5438841_3210.html
Ceux qui connaissent ne reviennent plus: oui, de fevrier à avril, le tourisme fuit le nord.