thailande : richesse et pauvreté

tour de Bangkok1/Immobilier:

Tout va pour le mieux pour l’immobilier thaïlandais et les ventes de condos aux investisseurs étrangers n’ont jamais été si florissantes. Les rendements y sont très souvent bien meilleurs que dans les pays de ces investisseurs. Par exemple, un condo à Hong Kong ne génère au maximum que 2,5% de plus-value annuelle contre 5% à 6% à Bangkok. C’est d’autant plus attractif pour les Chinois – qui représentent 80% des acheteurs. A Phuket et Pattaya, les 49% de surface immobilière qui peuvent être détenus dans chaque condo par des étrangers sont remplis. Bref, ce ne sont pas les quelques Français ou Allemands expulsés pour pratiques locatives illicites qui vont mettre en péril l’économie. Du moins pas pour le moment.

https://property.bangkokpost.com/news/1520686/foreign-buyers-cling-to-city-condos

2/Economie:

marché rotfai bkk
marché rotfai bkk

Que les économistes professionnels ou amateurs se rassurent, tout va bien au pays du baht souriant, actuellement plus forte monnaie mondiale (blomberg, USA). Peut-on se réjouir pour cette Thaïlande prospère , bétonnée, dégueulassée, abêtie?

Cette thaïlande « pays du sourire », parc d’attraction, , des touristes et des « expats », vitrine qui rend si bien sur les cartes postales et les catalogues d’agences de voyage, avec ses marchés flottants de pacotille, ses réserves d’éléphants bien traités ou non, et ses plages « paradisiaques » .?Mais cette Thaïlande-là, même si elle pèse très lourd économiquement, n’est qu’une – moindre – partie du pays.

Si l’on considère la pauvreté de l’autre partie, force est de constater que la théorie du ruissellement ne fonctionne pas sur le terrain aussi bien que sur le papier. Car la grosse erreur serait de ne voir qu’une facette, de considérer la Thaïlande comme un pays homogène, ce qu’elle n’est absolument pas, ni économiquement, ni politiquement, ni culturellement, ni ethniquement.

3/hétérogènéité et dualité:

habits dorés
habits dorés
ramasser coquillages
ramasseuse de praires

Bien loin de ce pays florissant, survivent ces paysannes sèches et ridées aux bouches édentées qui perçoivent les 600 bahts mensuels (16 euros) que leur octroie le gouvernement, c’est le minimum vieillesse auquel on a droit passé 60 ans, et si l’on n’a pas d’enfants ou de famille pour en rajouter un peu. Ou encore ces hommes presque noirs de peau, à la fois crédules et matois, serviles avec les notables et les autorités, courbés et cauteleux mais forts de leur supériorité sur les étrangers.

Un thai, fût-il le dernier des thaïs, est toujours supérieur à un étranger, qu’il se doit, sinon de mépriser, au moins de considérer avec ironie et condescendance. C’est ce qu’on lui apprend tout petit à l’école et qu’on lui répète tout au long de sa vie.

3bis…dans les campagnes

Ces hommes qui portent encore fièrement le pa khao ma et dont la félicité suprême est de s’allonger à l’ombre et de ne rien faire. Faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on ne pense pas, fait bien trop chaud pour ça. Bref, un pays de plus en plus divisé, coupé en deux Thaïlandes peut-être à jamais irréconciliables, qui s’affrontent périodiquement depuis bientôt un siècle dans un cycle ininterrompu de violentes crises politiques. La Thaïlande des villes et la Thaïlande des campagnes. La Thaïlande des condos et la Thaïlande des rizières. Celle des riches, des « élites », bonzes obèses (la moitié des bonzes du pays d’après une étude de l’université Chulalongkorn). Hommes d’affaires d’origine chinoise, courtisans, dignitaires grotesques plus décorés que des arbres de Noël, et d’autant plus coûteux qu’ils sont parfaitement inutiles, militaires d’opérette. Une Thaïlande aisée des classes moyennes, commerçants, fonctionnaires, cols blancs, curieux mélange de modernité, de boudhisme perverti, de capitalisme sur fond de protectionisme et de vestiges de féodalité, qui méprise profondément l’autre, celle des des ploucs, de ceux qui ont la peau noircie par le soleil, des pauvres, en un mot, avec une toile de fond raciste envers les minorités éthniques .

4/Et le roi dans tout ça?

Avec près de 70 éthnies au total, chacune avec ses traditions, son dialecte, ses particularités religieuses, et, tout de même, ce qui forge une unité nationale – ou qui forgeait, car les choses évoluent -, un roi incontesté et vénéré du nord au sud et d’ouest en est. Pas sûr que le numéro 10 recueille une telle unanimité et ait suffisamment de charisme pour assurer ce rôle de ciment national.