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dans un contexte économique bifide aux ethnies oubliées

IMMOBILIER : Un article tout récent (13 août) du Bangkok Post dit clairement que tout va pour le mieux pour l’immobilier thaïlandais et que les ventes de condos aux investisseurs étrangers n’ont jamais été si florissantes. Les rendements y sont très souvent bien meilleurs que dans les pays de ces investisseurs. Par exemple, un condo à Hong Kong ne génère au maximum que 2,5% de plus-value annuelle contre 5% à 6% à Bangkok. C’est d’autant plus attractif pour les Chinois – qui représentent 80% des acheteurs – que des mesures restrictives ont été mises en place à Hong Kong et à Singapour pour limiter les transactions immobilières et freiner la spéculation. On apprendra par exemple qu’à Phuket et Pattaya, les 49% de surface immobilière qui peuvent être détenues dans chaque condo par des étrangers (la loi est ancienne, mais a été assouplie, c’était 40% autrefois) sont remplis, et que les propriétaires étrangers qui veulent revendre trouvent des acheteurs sans aucun problème. Pas si sûr ! Bref, ce ne sont pas les quelques Français ou Allemands expulsés pour pratiques locatives illicites qui vont mettre en péril l’économie. Du moins pas pour le moment.

https://property.bangkokpost.com/news/1520686/foreign-buyers-cling-to-city-condos

CULTURE : Donc, que les économistes professionnels ou amateurs se rassurent, tout va bien au pays du baht souriant. On peut s’en réjouir pour cette Thaïlande prospère , bétonnée, macdonaldisée, dégueulassée, abêtie. Cette thaïlande « pays du sourire », parc d’attraction, Thaïlande  des touristes et des « expats ». Chouette vitrine qui rend si bien sur les cartes postales et les photos des catalogues d’agences de voyage, avec ses marchés flottants de pacotille, ses réserves d’éléphants dont les TO se moquent bien qu’ils soient bien traités, et ses plages « paradisiaques »:élément de langage obligé. Mais cette Thaïlande-là, même si elle pèse très lourd économiquement, n’est qu’une – moindre – partie du pays. Si l’on considère la pauvreté de l’autre partie, force est de constater que la théorie du ruissellement ne fonctionne pas sur le terrain aussi bien que sur le papier. Car la grosse erreur serait de ne voir qu’une facette, de considérer la Thaïlande comme un pays homogène. Ce qu’elle n’est absolument pas: ni économiquement, ni politiquement, ni culturellement, ni ethniquement. Bien loin de ce pays florissant, en gros l’ouest du royaume, la region centre et tout le sud, il y a une autre Thaïlande, celle des livres de Pira Sudham et de Boontawee Kampoon:

ETHNICITE : …celle qu’on aime sans bien savoir pourquoi, curieux mélange d’amour-répulsion pour cette terre rouge sang de bœuf des sols latéritiques, ces températures insupportables et ses pluies torrentielles. Ces paysannes sèches et ridées aux bouches édentées, les dernières à mâchonner encore le bétel avec leurs trois chicots et à en cracher le jus zinzolin qui leur ensanglante les gencives. Mémés qui perçoivent 600 bahts mensuels (16 euros) que leur octroie le gouvernement, minimum vieillesse passé 60 ans. Et encore si l’on n’a pas d’enfants ou de famille. Ces hommes presque noirs de peau, à la fois crédules et matois, serviles avec les notables et les autorités, courbés et cauteleux devant les puissants, mais forts de leur supériorité sur les étrangers. Parce qu’un thai, fût-il le dernier des thaïs, est toujours supérieur à un étranger, qu’il se doit, sinon de mépriser, au moins de considérer avec ironie et condescendance. Ces hommes qui portent encore fièrement le pa khao ma et dont la félicité suprême est de s’allonger à l’ombre et de ne rien faire en ne pensant à rien. Faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on ne pense pas! fait bien trop chaud pour ça.

Bref, un pays profondément divisé, de plus en plus divisé, coupé en deux Thaïlandes peut-être à jamais irréconciliables…

3 CLASSES SOCIALES : …Qui s’affrontent périodiquement depuis bientôt un siècle dans un cycle ininterrompu de violentes crises politiques et ne se mélangent pas. La Thaïlande des villes et la Thaïlande des campagnes, la Thaïlande des condos et la Thaïlande des rizières. Celle des riches, des « élites », bonzes diabétiques (la moitié des bonzes du pays est obèse, d’après une étude de l’université Chulalongkorn), hommes d’affaires d’origine chinoise ou malaise, courtisans, dignitaires grotesques plus décorés que des arbres de Noël, et d’autant plus coûteux qu’ils sont parfaitement inutiles, militaires d’opérette. Entre les deux, l’émergence d’une Thaïlande de classes moyennes, commerçants, fonctionnaires, cols blancs. Curieux mélange de modernité, de boudhisme perverti, de capitalisme sur fond de protectionisme et de vestiges de féodalité, qui, parfois, méprise l’autre, celle des péquenots, des paumés, des ploucs, de ceux qui ont la peau noircie par le soleil, des pauvres en un mot. Une toile de fond raciste envers les minorités éthniques. Ailleurs, dans la plupart du pays, conséquence des politiques colonialistes menées par le Siam depuis les temps les plus anciens, on n’est pas complètement thaï, on n’est pas purement siamois (seul 25 millions le seraient sur 68 millions d’habitants). On est aussi un peu – largement – métèque, khmer, lao, karen, hmong, mon, shan, luk chin, pak tai, lü, lisu, meo, kuy, phouthai, etc. Près de 70 ethnies au total. 

ET LA ROYAUTE : Chacune avec ses traditions, son dialecte, ses particularités religieuses, son patois. Tout de même, ce qui forge une unité nationale – ou qui forgeait, car les choses évoluent -, un roi incontesté et vénéré du nord au sud et d’ouest en est. Pas sûr que le numéro 10 recueille une telle unanimité et ait suffisamment de charisme pour assurer ce rôle de ciment national.

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